- TENDANCE (psychologie)
- TENDANCE (psychologie)TENDANCE, psychologieAlbert Burloud (Principes d’une psychologie des tendances , 1936) définit la tendance comme une forme dynamique qui détermine un acte, soit qu’elle le conduise et s’inscrive en lui, soit qu’elle l’inspire et le finalise. Maurice Pradines (Traité de psychologie générale , 1943-1946) objecte que cette définition est trop générale, car elle convient à toutes les formes de dynamisme mental, à l’aspect moteur de tout état psychologique, qu’il s’agisse d’une donnée innée ou acquise. Chaque sensation, chaque image mentale, chaque idée peut être une force: il faudrait donc y voir une tendance.Burloud accepte pourtant la conséquence. Il discerne une tendance dans les intentions qui guident l’action, dans les schèmes qui orientent les opérations cognitives, dans les attitudes mentales qui servent de support et qui impriment leur unité aux activités perceptives comme aux démarches logiques. Pratiquement, il appelle tendances tous les modes de l’activité psychique. Il explique par elles la sûreté des automatismes intelligents, de ceux qui adaptent l’individu au réel sans l’aide de la réflexion. Il les invoque encore à propos de la constitution du discours, de l’agencement des coordonnées et des subordonnées (il admet un «concours de tendances verbales»), et même de la présence d’esprit, qui résulte d’un bon accord entre tendances.En fait, si Burloud étend à ce point la signification du mot «tendance», c’est parce qu’il croit déceler dans chaque phénomène psychique la force spécifique, distincte des forces physique et biologique, qui permettrait à la psychologie de trouver un objet propre, de le détenir en exclusivité, et qui ferait d’elle une discipline irréductible, insuppléable.Mieux vaut sans doute spécialiser le terme et lui faire signifier le mouvement, ou l’élan, du sujet vers un objet qui lui est extérieur et qu’il recherche pour combler un besoin, une lacune, à titre de complément indispensable. Il y a alors, comme le veut Burloud, dynamisme orienté. Mais il y a surtout requête d’objet, requête pour satisfaire un manque essentiel. C’est pourquoi les tendances primitives sont en petit nombre, répondant aux besoins fondamentaux: recherche de la nourriture, recherche du partenaire sexuel, recherche d’autrui (ou de la socialité). Le plus probable est que les autres tendances, même les tendances dites idéales, dérivent des tendances primitives dont elles sont le prolongement ou la complication (à elles seules, les tendances constitutives peuvent supporter l’édifice entier de la culture).
Encyclopédie Universelle. 2012.